ROULEURS S01 EPS03
version Française texte : Nikola Brassard-Dion - intro/photo : Gophrette Power
Dans un coin du Moonlight Diner & Grille de Williamstown, MA, la mécanique numérique d'un bon vieux Rock-Ola Nostalgic Bubbler laisse discrètement entendre « Some Velvet Mornig » de Lee Hazlewood & Nancy Sinatra (1967). La place est animée par ce qui semblerait être des habitués du coin car ils portent des vêtements aux couleurs du Williams Collège. Ils ne prêtent guère attention à notre présence et restent concentrés sur leurs oeufs aux bacons accompagnés de pommes frites surgelées. À travers les vitres du restaurant, on commence à voir la pluie tomber. Je pense que chacun des Rouleurs espéraient secrètement que les nuages arriveraient à retenir le surplus d'eau qu'ils transportent encore quelques heures, mais pas moi. Je l'attendais patiemment., car quand je prends des photos, j'aime qu'il fasse soit très beau : beaucoup de couleurs, du contraste et une bonne température. Soit très mauvais : de la pluie ou de la neige, du vent et qu'il fasse très froid. Entres les deux, ça n'a juste aucun intérêt. Je veux les voir pousser fort sur leurs pédales à travers le viseur de mon X-T1. C'est pas des sourires de leur part qu'il me faut. J'ai besoin de voir leurs visages se crisper à chaque mètre du Mount Greylock parcouru.
Pour vous mettre en contexte, l’histoire débute dans une boutique de tailleur sur mesure à Montréal (préambule), où Martin nous présente les sorties prévues pour ce tout nouveau club des Rouleurs. La première consistait à participer à la course de Rasputitsa au Vermont, où des Rouleurs plus ou moins en forme après un long hiver canadien, se sont mesurés à une série d’obstacles et en sont ressortis à la limite remplie d’humilité, sinon de douleurs et courbatures (RLS S01 EPS01).
Pour la seconde, il s’agirait de grimper une montagne dans les Appalaches du Massachusetts aux États-Unis. C’est ainsi que Martin se lança dans sa description du Mont Greylock (accompagnée d’une présentation PowerPoint digne d’un A) : la montée fait environ 14,5km, sur un degré de pente de 6% en moyenne, pour un total de 1 063 m de dénivelé. « Alors vous allez la grimper une première fois, redescendre et la grimper une deuxième fois, cool? » nous demande Martin dans un air d’une sérénité déconcertante. Mon regard, à l’inverse tout à fait incrédule, ne peut que dégager une seule pensée : « ayoye, mais qu’est-ce que je fais ici, pour l’amour du ciel? ». Néanmoins, je lui réponds, « ouais c’est parfait, j’ai hâte… »
En route vers notre destination, je lui pose la question, « mais où as-tu entendu parler du Mont Greylock? » « Ça, mon Nik » s’avance Martin, « c’est Charles Plamondon, un tech chez Sport Échange Outaouais qui m’a confié ce secret bien gardé. Pis lui, c’est un gars à qui je fais confiance ». Génial, maintenant que j’avais l’assurance que notre périple au cœur des montagnes Berkshires était guidé par la sagesse providentielle de Charles Plamondon, technicien chez Sport Échanges Outaouais, j’étais tout à fait soulagé…
Au petit déjeuner, dans un restaurant rockabilly de Williamstown, j’ai l’estomac qui brasse. J’ignore si c’est la saucisse aux composantes douteuses et le très mauvais café qu’on nous sert, ou bien tout simplement mes nerfs qui s’agitent, mais je n’arrive plus à rester assis. Faut partir, il faut se mettre à pédaler. Sous un ciel très foncé et quelques gouttes de pluies qui tombent, nous quittons le diner du coin. Enfin prêts, les trois Rouleurs à bord de nos Opus Allegro, nous commençons à rouler. Or, la tempête s’amorce et c’est le déluge. En temps normal, je ne suis pas très superstitieux; mais là, j’ai mes doutes, on dirait vraiment que le ciel va nous tomber sur la tête (par Toutatis!). Serait-ce une mise en garde de ce qui nous attend, un avertissement à demeurer vigilants face aux intempéries qui viendront assurément perturber notre trajet?
La pluie est froide, mais nos corps se réchauffent aux rotations du pédalier. La chaussée trempe dégage une forte odeur de ver de terre, ce qui n’aide guère à la digestion du déjeuner. Mais au bout d’une trentaine de kilomètres, nous atteignons la route du Mont Greylock et soudainement tout change : la voie entourée d’une forêt dense et d’un vert luxuriant nous protège contre le vent; l’intensité de la pluie diminue et l’air frais aux arômes de résine de pin remplit nos poumons.
Maintenant que le ciel s’est éclairci, Goph’ sort du camion et enfourche son vélo, la position dans laquelle il se sent véritablement dans son élément pour la prise de photo de cyclistes. Mais la pente est raide et sans répit. Je canalise ma concentration sur deux choses : maintenir une respiration calme, rythmée et des coups de pédales fluides. Il ne faut surtout pas s’essouffler ni gaspiller de l’énergie avec une méthode laborieuse. Petit à petit, un léger écart se creuse entre les deux Nicolas à l’avant et Marius et Goph’ à l’arrière. Plus ça va, plus j’ai l’impression qu’une compétition se développe entre Nicolas et moi (l’autre Nikola). Compétition saine et harmonieuse, certes, mais intense.
Peu après le 7e kilomètre de la montée, nous découvrons une courte descente suivie d’un plat, sur une distance d’environ un kilomètre. Nicolas lance l’attaque. Fort de son expérience de course en downhill, la ligne qu’il prend est toujours bien calculée; il manœuvre les virages avec aisance. J’admire son élan, mais en même temps, je souhaite (ironiquement) que la pente reprenne un dénivelé positif, car autrement je n’aurais aucune chance de le rattraper. Au grand plaisir de mon orgueil, mais aux grands désarrois de nos cuisses, nous voilà à nouveau sur notre petit plateau à pousser contre le flan de la montagne.
« 2 miles to Mount Greylock summit » nous indique une enseigne dans un virage vers la gauche, une source de motivation à un moment bien choisi. Un dernier coup de cœur, presque arrivé. Mais Nicolas maintien son avance sur moi et m’envoie des regards par-dessus son épaule à tous les 100 mètres pour vérifier si j’arrive à accélérer. Je tente en vain de le rattraper, le rythme qu’impose Nicolas est déjà à la limite de mes capacités. Soudainement nous ressortons de la forêt et découvrons à notre droite un belvédère avec une vue absolument spectaculaire. Mais pas question de s’arrêter pour admirer le paysage, le sommet est à notre portée, 500 mètres à peine. « Allez! Allez! » quelques derniers cris d’encouragement d’un Martin sorti de son gros camion aux couleurs Opus pour nous donner un high five, affichant un fier sourire sur son visage.
Complètement essoufflés, les jambes qui tremblent, mais nos esprits remplis d’un énorme sentiment de satisfaction, nous avons atteint le sommet. Pour ma part, j’ai complété l’ascension du versant sud en 46:00 minutes, 5e place au classement 2016 de Strava (38e au total) derrière Nicolas qui décroche le 2e rang (32e au total). Peu de temps après, Marius et Goph’ atteignent le sommet à leur tour. Je suppose que la fatigue et le manque d’oxygène dû à notre respiration haletante affectent notre humeur, mais le rire nous vient facilement et se conjugue à une sensation d’euphorie.
Étant parfaitement conscient de l’état de la chaussée mouillée et de mes habiletés limitées en descente, je décide d’interrompre ma ride et de descendre la montagne assis dans le camion avec Martin. Pour les autres, pas question de capituler devant une descente si bien méritée, quelques soient les conditions routières. Marius part à une vitesse fulgurante et au bout d’un certain moment, on le perd de vue. Nous suivons de près Nicolas et Goph’.
Soudainement, la scène cocasse de trois gars qui s’amuse à descendre la montagne à toute vitesse vire au cauchemar : Goph’ est déstabilisé par une longue fissure dans la rue, il tente de freiner, mais ses roues bloquent et son corps est projeté par-dessus ses guidons. Il heurte le sol à pleine vitesse, atterrissant sur son épaule droite, se cognant la tête solidement sur la route asphaltée.
« Shit! Shit! Shit! », répète Martin en freinant pour s’accoter devant un Goph’ immobilisé au sol. Nous sortons du camion à la course, Nicolas débarque de son vélo, pour retrouver Goph’. À notre grand soulagement, il respire, est lucide, mais franchement en douleur. Au bout de quelques minutes, nous l’aidons à se relever et l’assoyons dans le camion, dans la position la plus stable possible.
« Merde, merde, merde », soupire en rafale un Goph’ désemparé par l’idée de voir sa saison de triathlon se dissiper pour une fraction de seconde de perte de contrôle. Après avoir rejoint Marius qui nous attendait patiemment au bas de la montagne, nous apportons Goph’ à l’urgence. Durant la visite, Nicolas, Marius et Goph’ sont tous émerveillés par la rapidité et la qualité du service que nous offre l’équipe de l’hôpital régional de North Adams, un fort contraste vis-à-vis de leurs expériences antérieures dans les hôpitaux du Québec. Le diagnostique : commotion cérébrale légère (malgré un casque fracassé sous l’impact de la collision) et une fracture à l’épaule droite. Pour Goph’, cependant, abandonner nos plans de vélo et rentrer prématurément sur Montréal est hors de question.
Le lendemain, nous retournons au pied du Mont Greylock affronter l’ascension nord avec Goph’ assis dans le siège du passager, bras droit dans l’écharpe et l’index sur la gâchette de sa caméra. La compétition de la veille entre Nicolas et moi reprend à pleine allure, mais cette fois-ci c’est moi qui mène la charge. Je lui envoie des regards furtifs dans les virages pour estimer mon avance, que je maintien jusqu’au belvédère avant le sommet, au moment où Nicolas réussit à se coller à ma roue arrière. Nous réussissons l’ascension du versant nord encore une fois sous la marque des soixante minutes. Un exploit pour lequel nous partageons une très grande fierté devant la détermination que cela nous a demandé.
Mais au sommet le climat s’est bien refroidi. Malgré les vents qui nous secouent, la route est sèche et donc, je décide de faire la descente avec Nicolas et Marius. Dès les premiers virages, nous perdons Marius de vue, emporté par la vitesse et le plaisir qu’il éprouve à repousser les limites. Malgré ses talents de cascadeurs sur deux roues, après un virage étroit vers la droite, nous retrouvons un Marius qui fait les cent pas, échappant des jurons par si par là, la fesse droite à découvert après une chute causée par un contact entre sa pédale et le sol. En dépit de la douleur, qui visiblement l’incommode et les évènements de la veille, Marius se ressaisit, enfourche calmement son vélo et décide de poursuivre la descente à une vitesse que ni Nicolas ni moi ne pouvons espérer suivre.
« L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle ». Cette phrase du célèbre récit Terre des Hommes d’Antoine de Saint-Exupéry est demeurée gravée à ma mémoire et en ce weekend du 11 et 12 juin 2016, elle a pris une toute nouvelle signification. L’obstacle est une bête sauvage : parfois il nous réduit à la soumission et d’autres fois, avec adresse et acharnement nous parvenons à l’apprivoiser. Chacun de nous a livré un différent combat lors de ce deuxième défi des Rouleurs, mais en sommes sorties plus résilients. En terminant, à une époque où notre information est trop souvent filtrée par Google ou Siri, il y a effectivement une qualité inestimable à la parole humaine. Qui elle, avant nous, s’est mesurée avec l’obstacle pour ensuite lancer le défi à autrui. Sans les conseils du technicien de Sport Échange Outaouais, et la confiance indéfectible que lui accorde Martin, nous n’aurions probablement jamais découvert cette merveilleuse montagne du Massachusetts. C’est maintenant à notre tour de vous passer ce conseil remplie de la sagesse providentielle de M. Plamondon. Allez-y, explorez le Mont Greylock, mais soyez vigilants et ayez du respect pour la bête qui grogne dans ses entrailles.
photo reportage complet en suivant ce lien : RLS S01 EPS03
ROULEURS S01 EPS03
English version text : Nikola Brassard-Dion - intro/photo : Gophrette Power
To put this chapter in its context, the story began in a tailor’s boutique in Montreal (Preambule), where Martin presented us the rides planned for the new Rouleurs Cycling Club. The first consisted of taking part in the Rasputitsa gravel road race in Vermont, where, after a long Canadian Winter, a crew of ill-prepared Rouleurs laboured their way through a series of obstacles. As a result, they came out of the experience, at the very least, quite humbled, if not crippled with aches and pains (RLS S01 EPS01).
The second ride consisted of climbing up a mountain of the Appalachian range in Massachusetts, USA. It’s at this point, in the tailor’s shop, that Marty began his description of Mount Greylock (accompanied by a neat PowerPoint presentation worthy of an A): the climb is roughly 14.5 kilometers long, on an average grade of 6%, for a total of 1,063 meters of elevation.
“So, you’re going to climb it a first time, come back down, and then climb it a second time. Cool?” asks Marty in his usual worry free demeanor.
I, on the other hand, can hardly disguise the incredulous look on my face that clearly says, “What in God’s name did I get myself into this time?” I nevertheless respond with what limited self-confidence I had left, “sure man, sounds great. I can’t wait…”
While driving to our destination I asked Marty, “so how did you find out about Mount Greylock?”
“That, my Nik”, began Marty “is thanks to Charles Plamondon, a tech at Sport Échange Outaouais. He’s the one who passed on this carefully kept secret and he’s a guy I know I can trust”. Wonderful, now that we were blessed with the assurance that our journey to the heart of the Berkshire Mountains was guided by the divine providence of Charles Plamondon, bike technician at Sport Échanges Outaouais, I could now rest with ease…
At breakfast, in a dimly lit rockabilly diner in Williamstown, my stomach was all tied up into knots. Perhaps it was the dubious contents of the sausage on my plate and the awful coffee, or simply my nerves, too eager to get riding. Feet tapping relentlessly, eyes scanning the cloudy skies… Clearly, I couldn’t wait to hit the road. Sure enough, as we left the diner rain drops began to trickle down. By the time we were finally ready, all three Rouleurs clipped into our Opus Allegros, it was too late. A torrential downpour had us soaked in no time. I’m typically not a superstitious person, but this time I had my doubts. Could this be a warning of things to come, a friendly reminder to be watchful given the bad weather that would surely impact our riding?
The rain was cold. No choice but to warm up with a steady beat of pedal strokes. The wet roads released the putrid smell of worms, which did not help with my indigestion. But after thirty or so kilometers, we entered Mount Greylock State Park and suddenly everything changed: the road was surrounded by a lush evergreen forest, the rain quietly faded; clean air with the fresh sent of pine filled our lungs.
Now that the skies had cleared up a bit, Cédric (Goph’) decided to exit the truck and hop on his bike, the spot where he truly finds his element for taking photos of cyclists. But the slope was steep and relentless. I channeled my concentration into two things: calm, steady breathing and smooth pedal strokes. This wasn’t the time or place to carelessly waste energy on poor technique and run out of breath. Little by little, a gap forms between the two Nicks in the front, Marius and Cédric in the back. As we continued, I got the growing feeling that a competition was taking shape between Nicolas and I (the other Nikola); a fair and healthy competition, but an intense rivalry nonetheless.
Shortly after reaching the 7 kilometer mark, we came across a short descent followed by a flat section, stretched out over a kilometer or so. Nicolas attacks. Benefiting from his years of downhill racing, he cuts a carefully calculated line and manoeuvers around the bends with ease. I’m left admiring his stylish descent, but at the same time, I (ironically) pray for the slope to return to a positive grade, because otherwise I’m about to get dropped. To the delight of my ego, but the disarray of our thighs, we find ourselves back on our small chain ring pushing against the side of the mountain.
“2 miles to Mount Greylock Summit” reads a sign on a left hand turn, providing us with a glimmer of hope at a moment where we needed it most. One final go at it. But Nicolas maintains his lead, glancing over his shoulder every 100 metres to check if I’ve sped up. I tried in vain to catch up, but the pace that Nicolas’ keeping is already pushing the limits of my climbing abilities. Suddenly we peered out from the forest and discovered a breathtaking lookout to our right. Not a chance we stop and admire the view, the summit is in our sights, no more than 500 meters left.
“Allez! Allez!” a few final cheers from Marty who’s pulled over his large pickup truck to give us a high five, shining a great big smile filled with pride.
Totally exhausted, legs trembling, but our spirits filled with a tremendous sense of accomplishment, we reach the summit. Not only that, I completed the ascent on the south side of the mountain in 46:00 minutes, a 5th best time on Strava’s 2016 leaderboard (38th all-time), behind Nicolas who captured the 2nd spot (32nd all-time). Shortly after, Marius and Cédric also reach the summit. I suspect the fatigue combined with our panting breaths may have affected our moods, because we were all smiles at this point, overcome with joyous euphoria.
Given the wet road surface and my limited descending skills, I decided to interrupt my ride and go down the mountain sitting passenger side in the truck with Marty. As for the others, they’re not about to give up such a hard earned descent, regardless of the road conditions. Marius takes off at blistering speeds and, before we knew it, was out of our sights. Yet, we followed closely Nicolas and Cédric.
Suddenly, the cheery scene of the three guys having a blast descending down the mountain at mach speeds takes a turn for the worst: Cédric is tossed sideways by a long crack in the road; he tries to regain control by pressing the brake but they lock and he’s launched over the handlebars. His body slams the ground shoulder first, smashing his head against the paved road.
“Shit! Shit! Shit!” cried out Marty while pulling over to the side of the road in front of a motionless Cédric. We came running out of the truck as Nicolas hoped off his bike and all gathered around our injured friend. To our greatest relief, he’s breathing, is aware of his surroundings, but in dire straits. A short moment later, we helped him to his feet and sat him in a stable position on the truck’s back seat.
“Merde, merde, merde” repeated Cédric beneath his breath, distraught by the thought of his triathlon season ending in an instance’s loss of control. Once we met up with Marius, who’d been patiently waiting for us at the bottom of the hill, we rushed Cédric to the emergency room. Throughout our visit at North Adams Regional Hospital, Cédric, Marius, and Nicolas were amazed by the quality and efficiency of the service received, at least in contrast to their prior experiences in Quebec’s emergency rooms. The diagnosis: a slight concussion (despite the heavy impact) and a hairline fracture in his right shoulder. But for our wounded warrior, packing up prematurely and returning to Montreal under these circumstances is simply out of the question.
And so the next day we returned to the base of Mount Greylock, ready to take on the northern ascent this time. Cédric is sitting shot gun with his right arm in a sling and index finger on the camera’s trigger. The previous day’s competition between Nicolas and I takes off again, but this time I’m the one setting the pace. With each switchback I look over my shoulder to gauge my lead, which I keep up until the lookout where Nicolas manages to catch on to my rear wheel. We succeeded in reaching the summit again under the hour mark. A feat for which we are both tremendously proud, given the determination it took us to achieve this.
The climate at the top was frigid cold. Notwithstanding the gusts of wind thrusting us from side to side, the road is dry and so I decided to take on the descent with the other two gentlemen. From the first couple bends, Marius disappears from our sight, releasing his inner speed demon, taking in the joys of the ride. But despite his impressive downhill skills, after a sharp right turn, we find Marius pacing around, leaving curse words in his path. His right butt cheek is exposed, bruised and bloodied from an unfortunate pedal strike. Despite the pain visibly agonising him, Marius regained himself, calmly hoped back on his bike and took off at a speed neither Nicolas nor I can match.
“Man discovers himself when he measures himself against the obstacle”. That line from the classic tale Wind, Sand and Stars by Antoine de Saint-Exupéry stayed engraved in my memory, and on the weekend of June 11 and 12, 2016, it took on a whole new meaning. The obstacle is a savage beast: at times it may draw you into submission, but other times, with great skill and determination, you can tame its wildness and master its nature. Each one of us fought a different battle in this second Rouleurs challenge and came out more resilient. At last, in an era where most of our information seems filtered by Google or Siri, there is indeed an immeasurable quality to human wisdom. For, those that came before us measured themselves to the perilous obstacle and returned to guide the next to come. Without the advice of Charles Plamondon, technician at Sport Échange Outaouais, and the unbreakable confidence Marty untrusted in him, we would have never discovered this marvelous mountain in Massachusetts. It is now our turn to spread the divine providence of Mr. Plamondon. Go, explore Mount Greylock, but be vigilant and weary of the beast that growls within its leafy depths.