Bart Coaching Camp : Tucson 2016

texte/photo : Gophrette Power

 

(les évènements décris dans le texte ne sont pas nécessairement chronologiques, c'est un mélange de bons moments)

 

5:30am, le réveil sonne. La chambre baigne dans la lumière naissante d'un soleil qui ne va pas tarder à passer du coté positif de l'horizon. Durant quelques instants je suis désorienté. Je me cherche, je ne comprends pas trop où je suis. Pas encore habitué à cet appartement. Je n'ai pas pris le temps de sortir mes affaires de mes sacs. Ça fait plus d'une semaine que je dors dans des lits différents donc je trouve qu'il est plus pratique de les garder paqueté. Plus d'une semaine que je voyage avec tout mon stock de photographie et de sport. Équipement de natation, de vélo et de course à pied. Plus d'une semaine où les moments où je ne nage pas, ne pédale pas ou ne cours pas ressemblent juste à des zones transitions. Et c'est pas cette semaine que ça va s'arranger. Au contraire, cette tendance va s'intensifier. Pour la petite histoire, je viens de passer une semaine avec Carole et Sylvie à Sedona, AZ. On y a fait du vélo, de la course à pied dans les trails du coin et un peu nagé. Sept jours à chasser les vortex dans les Red Rocks et à s'émerveiller sur le paysage à chaque colline. On n'a pas réussi à ne rien faire en gros. Après ça, nous avons mis le cap vers Tucson, AZ pour participer à un camps d'entrainement organisé par l'équipe du Bart Coaching... Ohhhh SHIT... La séance de natation est dans quinze minutes, pas l'temps de niaiser. Sans vraiment regarder si je suis le premier, je cris "Whaï-Faï" en sortant de la chambre.


Red Mist : 3600m 01:30:00

 

J'ai tout mon stock sur le dos, mon bonnet sur la tête et je porte mon insulate. Mon sac à dos est un fardeau, pas le coeur à la fête, envie d'être sous la couette. Les yeux mi-clos je marche vers la piscine, et comme un ado déjà épuisé par le long trajet de sa courte vie à faire des selfies sur SnapChat je traîne de la gougoune. Je savoure ces quelques minutes de calme en écoutant les oiseaux. J'essaie même de rentrer dans leurs conversations en sifflotant leurs petites mélodies de quelques notes. Mais je me dis que cet effort est vain car dans la situation inverse je ne répondrais surement pas à cet abruti qui vient perturber ma ritournelle en tentant de m'imiter. Ces quelques minutes qui séparent la chambre à coucher, où le corps et l'esprit ne font rien, à la chambre des tortures (aquatiques), où le corps et l'esprit sont sollicités à leur maximum. JIZ'... J'étais effectivement le dernier à quitter la chambre. Les visages de mes camarades déjà présent sur le bord du bassin affichent un air d'after-party qui tire sur sa fin. Je pense que ma face a dû se transformer à l'identique quand j'ai vu le menu du chef au tableau blanc. Ce matin c'est un "Red Mist" que le coach Bart nous a concocté. Une heure et trente minutes à nager au rythme du tempo-trainer. Ce petit "beep" qui ne se trompe jamais. Ce petit "beep" qui me rappelle cette musique électronique minimaliste sur laquelle je me désarticulais durant des heures au Festival Sonar de Barcelone. À ce moment, loin de moi était l'idée qu'un jour je nagerais là-dessus. L'ambiance n'est pas à la rigolade et le coach nous fait bien comprendre que l'on va pas avoir le temps de jaser de la visite du Sky Center effectué la veille au soir. Wooai... Wooai... Un petit groupe dans le groupe c'était organisé pour aller regarder les étoiles d'un peu plus près. Mais j'y reviendrais un peu plus tard car là j'ai un peu de mal à rédiger et nager en même temps. C'est quoi une session "Red Mist"... Et bien en gros c'est nager à ça Critical Swimming Speed longtemps, très longtemps. En général c'est des groupes de trois/quatre blocs qui comportent des distances qui augmentent à chaque fois et que l'on doit répéter plusieurs fois sans jamais passer sous le "beep" de son tempo-trainer, que l'on augmente à chaque groupe. D'où l'expression "Beat Da Beeper". Les pauses entres les distances dépendent de la vitesse à laquelle on nage. Dès que ça "beep", on repart. Donc je tente d'utiliser mon cerveau comme le maestro fait avec son orchestre, anticiper les mouvements et efforts un coup à l'avance. Je focus sur les points techniques discutés avec le coach suite à l'analyse vidéo effectué la veille. Travail sur mon catch, ma respiration et mes battements de pieds en faisant en sorte de garder le rythme et d'arriver avant le maudit "beep". Parfois j'oublie de prendre assez d'air pour effectuer mes trois coups de bras alors j'improvise. Je respire à un, aux deux, aux trois, aux quatre... Je commence à ne plus voir les bulles de la personne qui me devance. Es-ce qu'elle a accéléré ou est-ce que c'est moi qui ai ralenti... Allez, un dernier 400m. Je serre les dents et regarde le soleil se lever à chaque respiration du coté Est. Les nuages accrochés aux sommets avoisinant sont orangés et le ciel est d'un bleu exagéré. Je déplace mes pensés sur la ride de vélo qui va suivre. J'ai hâte d'aller rouler à travers les cactus avec mon nouveau jouet et prendre du fun avec la gang. BAM... Je touche le mur. Le calvaire est fini. Ma montre indique 3600m et j'ai réussi à "Beat Da Beeper". Gros travail de notre "leadeuse" de ligne, Stéphanie Jamain qui a bien fait sa job. Nous sommes content de nous, on se "Whaï-Faï".

 

(photos prise durant les séances de natation)

 


Mont Lemon : 101.3km 1996alt 04:53:15

 

Là non plus. Pas vraiment le temps de raconter à quel point nous étions gelé au moment d'observer la nébuleuse planétaire NGC 3242 la veille au soir. Car bien évidement nous avions mal lu les informations du programme du Sky Center. Nous étions en short et gougounes au sommet du Mont Lemon par un bon -10. Ça prend des vêtements chaud pour regarder l'univers. Donc nous avons passé une bonne partie de la visite dans le petit bureau très près de la petite chaufferette d'appoint. Ohhh... Mais il me reste que quarante minutes pour avaler quelque chose et me préparer pour la sortie à vélo, donc là aussi on en reparlera plus tard. Aujourd'hui, nous allons rouler sur le Mont Lemon justement. C'est la sortie du séjour que tout le monde attend avec impatience. Un peu plus de quarante-cinq kilomètres d'ascension avec un pourcentage de 3,6% avec une pente maximale de 14,9% pour un dénivelé 1756 mètres. Tout en avalant mes céréales qui baignent dans du lait d'amande, je lis en diagonale le email que Bart vient de nous envoyer concernant cette sortie. "Blah... Blah... Blah... Kit anti-crevaisons... Blah... Blah... Blah... Vérifiez la pression de vos roues... Blah... Blah... Blah... Prenez plusieurs bouteilles car pas de ravitaillements sur le parcours... Blah... Blah... Blah... Point météo... Blah... Blah... Blah... ". Bref, je porte plus d'intérêt sur les "Like" de mes derniers posts Instagram qu'autre chose. Je m'habille, BIB, short et t-shirt comme d'habitude, vérifie mon matériel photo et mon vélo. Place quelques friandises dans mes poches et je quitte l'appartement. Le point de rencontre de la ride est au début de East Catalina Highway. Ce gentil faux-plat va nous servir d'échauffement avant d'entamer la montée. Mais devant le resort, un petit groupe s'organise pour parcourir les quinze kilomètres et y rejoindre les autres qui y vont en autos. Je me joins à eux. Ça va me permettre d'observer les environs et prendre quelques images de la ville. Hum... je me rend vite compte que il n'y a pas vraiment de ville ici. Tucson est très étendu est ressemble plus à un quadrillage d'autoroutes parsemés de centre commerciaux. C'est une ville où l'on se déplace qu'en voiture. Les entrées principales des maisons ne sont pas des portes mais des garages. Les trottoirs y sont quasiment inexistants. Mais ces observations restent très personnelles et faite par une personne qui est là pour un camp d'entrainement et non pour découvrir un nouvel endroit. Nous roulons donc jusqu'au point de rendez-vous sur des trois voies, tout en traversant quelques quartiers sans voir un seul piéton . On croise quand même quelques cyclistes aux accents facilement reconnaissables, bien de chez nous. Il fait beau et pas trop chaud. L'ascension va être superbe. Quelques minutes plus tard, on arrive sur le stationnement du centre commercial où les autres nous attendent. On jaze, on rigole et c'est parti... On s'organise quand même un petit arrêt pour faire une photo de famille juste avant que ça devienne compliqué, et on repart. Naturellement, suivant les capacités physiques de chacun, de petits groupes se forment. J'essaie donc de jouer avec les différents écarts qui se creusent dès le début pour prendre des photos de tout le monde en action car la ride est longue et ces écarts vont être de plus en plus grands. Je roule donc en grande partie tout seul. Je tente de rattraper ceux qui me précèdent, mais à chaque virage se présente un décor qui ne demande qu'à être prit en photo, donc je marque très souvent des pauses pour attendre les collègues qui sont derrière moi pour en faire les sujets principaux. C'est la première fois que je roule ici, je suis donc partagé par l'envie d'aller vite mais aussi de tout immortaliser et c'est pas évident. Parfois, au détour d'un virage, on aperçoit la plaine tout en bas, là d'où nous sommes parti, baignant dans la chaleur du soleil. C'est plus vraiment le cas pour nous car plus on prend de l'altitude, plus les nuages viennent bloquer les rayons de l'astre solaire et la température est de plus en plus fraiche. J'ai pas mal d'avance sur un petit groupe et me retrouve sur "LE" point de vue qu'il me faut absolument (l'image qui illustre cet article). C'est comme une obligation,  je m'arrête et j'attends que mes amis passent sur la route en dessous pour les immortaliser dans ce décor incroyable. J'effraie un rapace qui était posé là sur les roches. Il se met à tournoyer devant moi se rapprochant de plus en plus à chaque passages. À ce moment Bart arrive en criant quelque chose du genre MA-LA-DE!!! Je ne l'ai pas vu, ni entendu. J'étais totalement hypnotisé par ce spectacle aérien. Je l'ai donc raté quand il est passé en dessous... SHIT. Je reprends mes esprits et vois quatres cyclistes qui montent doucement mais surement. Je les shoot... Clac, Clac, Clac... C'est dans la boite. Je repars tranquillement tout en continuant à shooter le décor autour de moi. Le groupe de quatre fini par me rattraper et me dépasser. C'est que c'est difficile d'avancer car ici tout est une excuse pour prendre des photos. JIZ... Il commence vraiment à faire froid et je croise les premiers qui redescendent. Tout va bien, j'ai froid mais je ne suis pas fatigué alors je continue. Je ne dois plus être très loin du panneau 8000' (2500m) qui est le repère pour faire demi-tour. Encore quelques virages et BAM... Ça y est. Il est là, mais je ne m'y attarde pas car il fait froid et je suis bien évidement pas assez couvert. Maintenant place à la longue belle descente de 45km. Je rattrape Carole, Stephanie, Isis et Cédric qui sont entrain d'essayer de se réchauffer dans la toilette du Bigelow Trail Trailhead. tout comme moi, ils sont totalement frigorifiés et ont du mal à trouver les forces pour continuer. Ils essaieront encore quelques kilomètres avant de décider d'embarquer dans la voiture ballai. Mes mains sont figées dans mon guidon et mes doigts n'arrivent même plus à serrer les freins. Je suis gelé de la tête aux pieds et me retrouve dans le paradoxe d'aller le plus vite possible pour rejoindre une altitude à la température plus clémente tout en faisant face au facteur vent/glacial créé par ma vitesse. J'ai l'impression de me transformer en glaçon et me met à crier dans chaque ligne droite. Ça descend pas très vite à cause du vent assez présent. Ça oscille entre 40km/h et 60km/h et il y a même des parties où je pédale sur la plus grosse vitesse alors que je suis en descente tellement il y a du vent. C'est pas du tout le fun, mais j'ai quand même un petit sourire en coin en pensant à la situation. Commuter les trois derniers hivers à Montréal a du me forger le caractère et la solution à mon problème du moment est très facilement trouvable. Il suffit juste d'arriver en bas, là ou il fait chaud. Alors je patiente et reste super focus sur la route. C'est fou, on peut nettement sentir l'air se réchauffer à chaque virage. Mètre après mètre, degrés après degré, je reprends possession des mes doigts. Ça y est, je suis en bas, sur East Catalina Highway et j'aperçois Bart qui  vient à ma rencontre. C'est drôle mais j'ai trouvé la descente plus dure que la montée... JIZ' toute une affaire, ça a fait mal, mais ça reste un très bon souvenir. J'aurais dû mieux lire le bulletin météo avant de partir. J'aurais pris l'équipement adéquat. Je pense que la plupart on fait la même erreur.

 

(photos prise durant les rides Colossal CaveGates Pass et Mont Lemon)

 


Sabino Canyon : 15km 241alt 01:30:00

 

Étant donné qu'une nouvelle douleur est apparue à ma cheville gauche durant les ballades dans les trails de Sedona juste avant le camp d'entrainement, je me suis tout simplement retrouvé dans la position du spectateur, supporteur, bénévole et photographe durant les pratiques des autres. Celle d'aujourd'hui nous à fait visiter le parc du Sabino Canyon au nord/est de Tucson. Très tôt le matin, la présence à vélo dans le parc est acceptée jusqu'à 9:00am. Je me suis donc régalé à explorer le parcourt de long en large... Et un peu en hauteur aussi. Pour beaucoup c'est la longue run du séjour. Alors Bart a concocté différents exercices suivant les objectifs de chacun. Ceux qui préparent des Marathons et longues distances ont couru les quatre kilomètres qui séparent notre lieu de résidence jusqu'au parc, histoire de s'échauffer un peu avant de jouer entres les cactus. Les autres s'y sont rendu en auto. La place est juste superbe, gavée de cactus en tout genre et pour un citoyen du Canada qui est encore dans l'hiver, c'est un autre monde. Une autre planète où le temps ne défile pas comme chez nous. J'en oublie même le couvre-feu pour les cyclistes et commence à me faire regarder avec de gros yeux par les jardiniers du parc que je croise. Ils me disent de vite sortir car le Shérif du coin pourrait me donner un ticket. En fait à partir de 9:00 des petits trains touristiques circulent sur l'allée centrale et c'est pour cette raison que c'est moins le fun pour courir ou y faire du vélo.

 

(photos prise durant la course dans le Sabino Canyon et sur la piste de Esperero Canyon Middle School)

 


En conclusion, ce voyage en Arizona fut le premier et bien évidement pas le dernier. Mon début de séjour sur les terres rouges de Sedona avec les ballades dans les trails, les cactus, les couchés de soleil en Photoshop et les routes lisses comme un parquet de bowling m'ont juste donner envie d'en voir plus. J'ai un peu moins été séduit par le peu que j'ai vu de Tucson, mais on s'entend que c'était dans le cadre d'un camp d'entraînement de triathlon intense et non pour visiter la place. Donc OUI, les rides en vélo à travers le désert ont été folles... OUI, nager en regardant le soleil se lever été avec le ciel dégradé aux couleurs de poster des années 80's... et OUI, à la séance de course à pied dans le Sabino Parc et sur la trackfield (bien que je n'y est pas pris part). Tu as envie de vivre ça... check ici : Bart Coaching !!!

 

Pour plus d'images, suivez les liens suivant :

 

Bart Coaching Camp - Tucson 2016 Day No.1

Bart Coaching Camp - Tucson 2016 Day No.2

Bart Coaching Camp - Tucson 2016 Day No.3

Bart Coaching Camp - Tucson 2016 Day No.4

Bart Coaching Camp - Tucson 2016 Day No.5

Bart Coaching Camp - Tucson 2016 Day No.6